Le film du mois d’octobre

Publié le par la Délégation à la vie associative et à l’éducation populaire

Mots-clés : Films Histoire

Présentation du film par Francis Lebon, sociologue, Maître de conférences à l’Université Paris Est Créteil (UPEC), LIRTES. Ce film promotionnel présente une colonie de vacances de l’été 1950 à « Brécéan », en Bretagne.

 

 

Il est placé sous l’égide de plusieurs organisations proches de l’éducation nationale. Patronné par la MGEN, il est réalisé par la JPA, la Ligue de l’enseignement et les Ceméa. La colonie de vacances, qui occupe une place essentielle dans la vie sociale, politique et ludique des enfants.

 1, est donc ici le fruit d’une rencontre entre des associations laïques et l’État
 2. Le public se compose d’ailleurs probablement d’enfants de la SNCF
 3. Le film me semble à la fois « moderne » et « daté » du fait de certains traits de l’organisation de la colo : le petit château
 4 au bord de la mer (à présent hôtel de ville du Pouliguen en Loire-Atlantique), les enfants dans un grand dortoir, le réveil collectif (au son de la clarinette), la diversité des âges, l’importante durée du séjour de ces « 133 petits parisiens en vacances », etc. Mais le film est surtout « moderne », par l’accent mis sur la sécurité (pour rassurer les parents) lors des baignades et des sorties ; moderne par la pratique du mini camp avant la lettre (« à la campagne pour trois jours » sous tente près de la Roche Bernard). J’insisterai sur deux points qui me semblent importants : la question des jeux et des apprentissages, la découverte de la France et de la diversité de ses paysages. Les jeux sont très présents tout au long du film. Ils sont souvent marqués par des différentiations de genre : les garçons jouent au volley, à la thèque, à la balle au prisonnier ; les filles se démènent avec un métier à tisser, des cordes à sauter, sans parler des « éternelles marelles ». Les grands jeux comme l’enlèvement de la princesse n’échappent pas au genre, même si certaines séquences illustrent la mixité quotidienne de la colo. Au-delà de ces dimensions ludiques essentielles, la colo permet aussi d’apprendre à nager, à faire des filets de pèche, etc. Mais elle permet surtout la « découverte du pays » : fabrication du sel, danses folkloriques, extraction de la tourbe, etc. Les trois quarts du film présentent une multitude de séquences qui montrent que la colonie est l’occasion de découvrir la France. Il se clôt sur la grande demeure de Brécéan, ce qui renforce l’impression que la colo est le point à partir duquel les enfants et les jeunes ont découvert les différentes facettes d’une région française.

1 Laura Lee Downs, « La colonie de vacances : une institution de la société civile », in Jérôme Camus, Francis Lebon, Regards sociologiques sur l’animation, Paris, La Documentation française, 2015.
2 Nicolas Palluau, La Fabrique des pédagogues. Encadrer les colonies de vacances 1919-1939 , Rennes, PUR, 2013.
3 Le commentaire évoque « les enfants des mutualistes de la Seine » mais de nombreux documents sur Internet (cartes postales, Vie du Rail, témoignage d’un ancien colon, etc.) laissent à penser qu’il s’agit d’une colo de la SNCF.
4 Samuel Boussion, Mathias Gardet, Les châteaux du social , Beauchesnes, Presses universitaires de Vincennes

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