Une coopération internationale inédite pour lutter contre les violences faites aux femmes

Publié le par le Centre de Resssources des Partenaires de la Seine-Saint-Denis

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« Femmes de tous les pays, unissons-nous » aurait pu être la devise de cette semaine de rencontres, d’études, de formations et de visites de terrain. Du 22 au 29 novembre, deux délégations composées de sept représentant·es de la ville de Jénine en Palestine, et de l’île de Ngazidja aux Comores, se sont rendues en Seine-Saint-Denis pour une semaine consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. L’occasion, aussi, de lancer un ambitieux programme de coopération contre ce fléau mondial, porté par le Département à travers l’Observatoire des violences faites aux femmes (OVF) et la Direction Europe international (DEI).

Lors de cette semaine, les délégué·s palestiniennes, comorien·nes et les nombreuses Français.es présent.es ont participé aux ateliers portant sur la définition des violences faites aux femmes, les mécanismes de l’emprise masculine ou encore les mariages forcés. Les délégations ont également pu visiter plusieurs lieux exemplaires, tels que le centre municipal de santé Louise-Michel de Romainville, la Maison des femmes de Saint-Denis et le centre d’hébergement géré par SOS Femmes à Bondy. Lors des 17èmes rencontres « Femmes du monde en Seine-Saint-Denis », organisées par l’OVF à la MC93 de Bobigny, la gouverneure de Ngazidja (Comores), Sitti Farouata Mhoudine, et Maysoun Dawoud, directrice du Centre culturel pour les enfants et les jeunes de la municipalité de Jénine (Palestine), ont présenté au millier de professionnel·les présent·es leur situation et leurs enjeux, et ont confirmé la dimension universelle des rapports de domination et des violences faites aux femmes. Pour clôturer cette semaine d’échange et consacrer l’aboutissement de deux ans de travaux préparatoires, une convention partenariale a été signée le 26 novembre par le Conseil Départemental et l’Agence Française de Développement et marque le lancement officiel d’un projet ambitieux et novateur. Ce programme thématique multi-pays d’une durée de quatre ans et de 2,7 millions d’euros manifeste une nouvelle étape dans la politique de solidarité internationale de la Seine-Saint-Denis. Ce projet bénéficie d’une facilité de financement des collectivités locales (FICOL) de l’AFD pour soutenir les projets de coopération décentralisée, partant du constat que « plus les décisions de développement sont prises à un niveau local, plus elles sont efficaces ».

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Le projet est construit autour de trois ambitions : la création d’observatoires des violences faites aux femmes dans les territoires-pilotes, avec le soutien de l’OVF ; la création d’un réseau mondial de collectivités engagées sur ce sujet, en partenariat avec CGLU (Cités et Gouvernement locaux Unis), le plus grand réseau mondial de collectivités territoriales, ; la mise en place d’actions locales de prévention et de sensibilisation à destination de la population séquano-dionysienne.

La sélection des territoires-pilotes n’est pas le fruit du hasard. Elle constitue le prolongement d’une coopération ancienne et solide avec Jénine et Ngazidja, collectivités liées à la Seine-Saint-Denis par des accords de coopération décentralisée, depuis 1999 et 2011 respectivement. Les nombreux projets déjà menés dans des domaines tels que l’eau et l’assainissement, la culture, la parentalité ou encore le sport, ont permis de tisser des relations de confiance et de connaissance mutuelle.

Dans un « territoire-monde » tel que la Seine-Saint-Denis, un tel dialogue entre différentes cultures et régions du globe semble même relever de l’évidence. Le projet « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violence » vient ainsi ouvrir une nouvelle dimension dans la politique de coopération du Département, en faisant partager au-delà des frontières l’expérience acquise depuis 2002 par l’Observatoire, tout en enrichissant la Seine-Saint-Denis elle-même de l’expérience des autres territoires engagés.

Les échanges entre les délégations comorienne, palestinienne et les acteurs associatifs et citoyens séquano-dionysiens furent riches comme en a témoigné celui dédié aux mariages forcés, à l’occasion d’une discussion organisée dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Bobigny en présence d’Abdel Sadi et de Pascale Labbé.

Enfin, ce projet s’inscrit dans la volonté d’internationaliser les politiques publiques départementales et l’action des différents services. Après les directions de l’eau et de l’assainissement, de la culture ou de la santé, c’est donc l’OVF qui enrichit désormais son action internationale, quelques mois après l’obtention par le Conseil départemental du label EXPE-CT, décerné par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en reconnaissance de son expertise en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.

Commence désormais la mise en œuvre concrète du projet, qui verra notamment une délégation séquano-dionysienne se rendre à Ngazidja et à Jénine pour apprendre des réalités locales et soutenir la mise en œuvre des Observatoires dans ces collectivités. Et, quoi qu’il en soit, rendez-vous en novembre prochain lors des prochaines rencontres « Femmes du monde en Seine-Saint-Denis » !