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Narcisses et glaïeuls à la « dictée des cités » géante de Saint-Denis

Publié le par Direction de la population agée et des personnes handicapées

Mots-clés : education saint-denis

"A vos stylos, partez !" Ils étaient près d’un millier ce samedi à bûcher sur un texte de Victor Hugo lors d’une grande "dictée des cités" à Saint-Denis, devenue le temps d’un après-midi la capitale de France... de l’orthographe.

« Tout était plein de fleurs – point virgule – on avait autour de soi une tremblante muraille de branches d’où tombait la charmante fraîcheur des fleurs », énonce lentement au micro Rachid Santaki, écrivain qui a grandi en Seine-Saint-Denis et co-organisateur de l’événement.

Devant lui, des centaines de visages, enfants et adultes, planchent sur des tables installées pour l’occasion sur une place de cette commune au nord de Paris, à deux pas de la basilique où sont enterrés de nombreux rois de France mais aussi en pleine ZSP.

« Papa, il faut mettre un s à fleurs ? », demande un petit garçon installé au premier rang. « Oui », chuchote son père, un peu gêné.

Venus de Saint-Denis, Paris, Lyon, Argenteuil ou Sarcelles pour participer à ce rendez-vous gratuit, ils sont concentrés malgré le soleil dans les yeux. Hacène donne les dernières instructions à sa fille : « tu copies pas sur ton frère, tu réfléchis ».

Lui qui n’a jamais aimé les dictées vise les « 5 ou 6 fautes ». Mais il est venu surtout « pour les enfants », qu’ils « écrivent en s’amusant ».

Depuis août 2013, cette « dictée des cités » créée par l’association « Force des Mixités », se déplace dans toute la France pour « rassembler autour de la littérature » et populariser cet exercice, pas toujours le préféré des écoliers.

« C’est quoi la gênotte ?’

Pendant 30 minutes et des phrases plusieurs fois répétées, les mots narcisse, glaïeul, fougère, arrête-boeuf et gênotte vont se côtoyer dans une ode à la nature tirée du roman « 93″, choisi pour son titre « symbolique » qui « fait un clin d’oeil à ce territoire ».

L’extrait, peu difficile, compte néanmoins des pièges qui donnent du fil à retordre à Yacine, 30 ans, venu avec des amis. « C’est dur. Les fleurs, c’est vraiment pas mon truc », s’amuse-t-il. « C’est quoi la gênotte ? », interroge l’élève du jour, passablement dissipé. Une fleur jaune odorante.

Le maître de cérémonie s’interrompt : « Vous pensiez que c’était facile ? Je vous ai dit qu’il y avait des mots pièges, faut suer pour gagner », encourage-t-il.

Signe du succès de cette manifestation populaire, la secrétaire d’État chargée de la politique de la Ville, Myriam El Khomri, est venue participer. Sur la table voisine, la tête de liste UMP pour les régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse, sort son stylo.

« Que les politiques viennent, c’est bien. J’espère qu’ils ont été bluffés par tous ces gens, de tous âges, de tous milieux, qui se retrouvent en plein-air pour l’amour de la langue française », dit Rachid Santaki, qui a récemment co-signé un ouvrage-manifeste intitulé « La France de demain ».

A Saint-Denis, où cette dictée fêtait sa 20e édition, les organisateurs voulaient réunir « la plus grande dictée de France » pour montrer que « l’orthographe, la littérature comptent aussi en banlieue ». Mission accomplie avec plus 980 copies ramassées.

Pour les meilleurs de chaque catégorie (primaire, collège et adulte) : une console de jeux, des baskets, un écran plat ou des parfums. Et pour tous les participants, un Bescherelle.