Les capitales européennes de la culture

Publié le par Direction Europe et International

Mots-clés : europe Activités culturelles

En 2019, les villes de Plovdiv (Bulgarie) et Matera (Italie) ont été les "capitales européennes de la culture". En 2020, Rijeka (Croatie) et Galway (Irlande) leur succèdent. Mais quels sont les objectifs de ce label qui trouve ses origines en 1985 ? Comment est-il financé ? Pour quelles retombées économiques ?

Les origines

"Si c’était à refaire, je commencerais par la culture". On sait maintenant que, si cette phrase a longtemps été attribuée à Jean Monnet, le Père de l’Europe ne l’a en fait jamais prononcée. A l’origine des capitales européennes de la culture, on trouve pourtant la conviction, chez les responsables européens, que l’Europe s’est trop longtemps préoccupée de politique et d’économie, négligeant les échanges culturels entre ses habitants.

L’initiative, qui remonte à 1985, revient à l’actrice Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture. Deux ans plus tard, Athènes devient la première "ville européenne de la culture". Une appellation transformée en 1999 pour revêtir son acception actuelle, plus honorifique.

Quatre villes françaises ont reçu ces titres depuis lors : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013. En 2028, aux côtés d’une ville tchèque, une autre ville française sera de nouveau à l’honneur.

Objectifs

Le but de ce label est, selon la Commission européenne, de "mettre en valeur la diversité de la richesse culturelle en Europe et les liens qui nous unissent en tant qu’Européens".

Plus prosaïquement, il s’agit, pour les villes ainsi mises à l’honneur, de promouvoir leur patrimoine et leur dynamisme culturel à travers l’organisation de dizaines d’expositions, festivals et autres évènements, tout en bénéficiant d’une couverture médiatique non négligeable grâce à la labellisation européenne.

Choix des villes lauréates

L’ordre des pays dont les villes peuvent prétendre à ce titre est déterminé à l’avance. Des règles précises assurent une rotation entre les Etats membres.

Depuis 2009, deux villes au moins se partagent le label : l’une issue d’un "ancien" Etat membre, l’autre d’un "nouveau". A ces deux lauréates peut s’ajouter une troisième, issue d’un pays tiers, par exemple un pays candidat à l’UE.

C’est ainsi qu’Istanbul a porté le titre en 2010, conjointement à Pécs (Hongrie) et Essen (Allemagne). L’ancienne capitale ottomane souhaitait profiter de l’aubaine pour marquer son ancrage européen et sa modernité culturelle.

Une fois le "pays d’accueil" connu, reste à sélectionner les villes qui tiendront le haut de l’affiche une année durant. Quatre ans avant l’échéance, le pays désigné soumet aux institutions européennes une liste de villes présélectionnées. La Commission européenne réunit alors un jury chargé d’étudier chaque dossier et d’établir une recommandation. La décision finale revient au Conseil des ministres de l’UE, qui tranche après avis du Parlement européen.

Les financements et les retombées

Cette initiative bénéficie de fonds européens via le volet Culture du programme "Europe creative", doté d’un budget global d’environ 1,5 milliard d’euros pour la période 2014-2020 (environ 30% de ce programme sont alloués au volet Culture).

L’intérêt pour les villes désignées dépasse néanmoins l’octroi de subventions européennes, d’ailleurs jugées insuffisantes par la plupart des cités organisatrices. Il semble se trouver principalement dans les retombées économiques et d’image de marque.

En 2004, la Commission s’était en effet intéressée aux motivations qui avaient poussé les 29 villes lauréates au cours des dix années précédentes à déposer leur candidature. Le rapport concluait : "la plupart d’entre elles poursuivaient de nombreux objectifs renvoyant souvent au besoin de développer le profil international de la ville et de sa région, de mettre en place un programme d’activités culturelles et d’événements artistiques, d’attirer des visiteurs et de renforcer la fierté des villes et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes".

Les capitales européennes de la culture ont sans doute permis à de nombreux touristes européens de découvrir les richesses des plus belles villes du continent. En filigrane, le rapport livrait néanmoins des conclusions mitigées sur la participation de ce label au renforcement de l’intégration européenne. Peu de villes semblaient en effet attachées à la dimension européenne de l’évènement. "Les attentes de coopération entre villes partageant le titre n’ont pas été réalisées ou maintenues", notait ainsi la Commission européenne.

Pour en savoir plus sur les évènements 2020 :
 à Rijeka (en anglais)
 à Galway (en anglais)

Source : Toute l’Europe