Série Partage d’expériences associatives : Des collégiens en responsabilité : quels bilans !

Publié le par la Délégation à la vie associative et à l’éducation populaire

Mots-clés : action éducative éducation populaire parents d’élèves collèges méthodologie

Dans le cadre du transfert du site educationpopulaire93.fr sur le Centre Ressources Partenaires du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, la Délégation à la Vie Associative et à l’Education Populaire a souhaité re-diffuser les expériences des acteurs associatifs du territoire, actuelles ou passées, qu’ils ont ou avaient partagé avec l’ensemble des partenaires du réseau Education populaire 93. Les responsables associatifs y trouveront des exemples utiles de démarches et d’initiatives à partir desquelles construire leurs propres projets. Nous les re-publions dans cette série "Partage d’expériences associatives".

Alors que se prépare l’édition 2012 de Savante Banlieue, il est intéressant de revenir sur le bilan fait par un enseignant de la démarche qu’il avait engagée en 2008 avec ses élèves dans le cadre de la conférence du Conseil général : quand ce sont les collégiens qui présentent les résultats de leur recherche.

 

Ce témoignage a été présenté par le professeur, Fabien Granelli, au Salon des outils de l’éducation populaire d’avril 2011 au cours du débat « En associant tous les acteurs, tous les enfants peuvent réussir ».

Collège Evariste Galois, à Epinay-sur Seine

Des élèves et leurs professeurs, tous débutants, s’entourent de personnes et d’organismes ressources afin de créer un jardin potager BIO dans leur collège.

Point de départ  : postulat que les élèves doivent être acteurs de leurs apprentissages. Contrairement ou complémentairement aux apprentissages classiques sur le mode de la transmission, nous voulons que l’activité des élèves autour de la construction de ce jardin soit révélatrice de leurs limites : dès qu’ils n’y arrivent plus ou qu’ils ne savent pas, nous cherchons ensemble le savoir qui manque. Tout part des élèves, les adultes sont là pour encadrer, guider, mettre à disposition les savoirs en fonction des besoins des élèves.

Cadre d’intervention  :
Collège Evariste Galois (93 800), établissement APV, ex PEP 4, et prévention Violence.
2 années avec les mêmes élèves : Une classe de 5e puis les mêmes élèves et les mêmes profs en 4e (technologie, français, histoire-géographie, arts plastiques, SVT, EPS).
Créneau horaire IDD (Itinéraire de Découverte) : 2H par semaine

Les ressources trouvées (contacts, partenaires, correspondants) :
- Mairie d’Epinay/Seine : matériel de jardinage, expertise (une paysagiste intervient avec nous une fois par semaine), engrais naturel
- Potager du Roi à Versailles : visite, conseils
- ENSP : expertise, conseils
- Collège de Coubalan au Sénégal (qui crée un jardin potager pour alimenter leur cantine) : échange d’expériences, problématiques : gestion de l’eau et des semences notamment
- Association Kokopelli : don de semences BIO, conseils
- FOL 93 : subvention de fonctionnement
- Conseil Général 93 : Invitation /Participation à Savante Banlieue – Grande Conférence. Subvention de fonctionnement / voyage de fin d’année dans un centre labellisé « Développement Durable ».

Expérience du collège Evariste Galois d’Epinay Sur Seine
Grande Conférence Savante Banlieue 2008.

Thématique de la conférence 2008 : « Du Bio dans l’assiette des collégiens ».

Notre expérience va servir de fil directeur à la conférence pour aborder plusieurs problématiques autour du BIO.

Principe de la conférence : Les jeunes exposent leur expérience, seuls à la tribune (éventuellement aidés par les adultes, mais là ce ne fut pas le cas). Ils mettent en évidence les problématiques rencontrées autour du BIO puis distribuent la parole pour en débattre. Ils sont aidés par des adultes spécialistes uniquement en cas de besoin (si un savoir leur manque, si des précisions peuvent être apportées).

6 séances de 2H de travail avec les élèves ont été nécessaires pour préparer leur intervention : construction commune d’un document Powerpoint, partage du travail et des prises de parole, rôles des conférencier(e)s, écriture et apprentissage des textes « à dire » et répétitions pour se détacher de la récitation…

BILAN GLOBAL DE L’EXPERIENCE :

A savoir  : au départ, la classe de 5e a été choisie au hasard, sans aucune sélection. Il se trouve que son niveau scolaire était légèrement plus faible que les autres classes de 5e du collège.

En fin de 4e, les statistiques (nous n’aimons pas ce mot mais nous avons joué le jeu) de la classe sont parlantes par rapport à celles des autres classes de 4e du collège :
- Aucun décrochage scolaire alors que 4 élèves sont en grande difficulté au départ (l’année de 4e est sensible pour les élèves en grande difficulté : ils décrochent la plupart du temps).
- Taux d’absentéisme le plus bas des classes de 4e
- 1 seul conseil de discipline
- Taux de sanctions le plus bas des classes de 4e
- Résultats globaux en hausse constante sur les deux années.

L’expérience est donc très positive. Le postulat de départ « l’élève doit être acteur » est particulièrement en valeur. A relativiser cependant : l’effet du groupe classe conservé pendant 2 ans et l’effet d’un groupe de profs fédérés autour du même projet sont peut être une part importante de la réussite de l’expérience…

Extrait du bilan du projet :
EVALUATION DU PROJET EN FONCTION DES INDICATEURS.
10 octobre 091.

1. Réussite scolaire :

- Les élèves de la classe manifestent-ils de l’intérêt pour leur travail, dans le cadre du projet et autour ?
Oui. Les élèves ont manifesté tout au long du projet un engouement important autour de l’IDD. Ils ont accepté une somme de travail importante et ont mené au bout chaque production du projet (potager, correspondance, conférence Savante Banlieue, Conte).

- Sont ils autonomes dans leur travail ?
En partie. En IDD le taux de travail autonome de chaque élève a été élevé. Mais les conditions d’animation étaient particulières : 2 enseignants pour la classe sur ces créneaux… Il était donc plus simple de les placer en autonomie sachant que la régulation était plus aisée. Certains élèves (7 en tout) ont énormément gagné en assurance et en autonomie dans ce cadre. Les effets se sont fait ressentir dans tous les cours.

- Ont-ils progressé dans chaque matière ?
De façon générale, aucun élève de la classe n’a vu son niveau baisser en 2 ans. Au pire ils se sont maintenus (4 élèves), au mieux ils ont progressé de plus de trois points de moyenne générale (4 élèves), dans la plupart des cas ils ont progressé de 1 à 2 points. Pour une classe dont le niveau était faible en 5e sans tête de classe affirmée, on passe à une classe de 4e dont le niveau est correct à bon avec une tête de classe motrice. Les progrès les plus significatifs sont en français.

- Le niveau attendu dans chaque matière est-il atteint en 5e ? en 4e ?Très partiellement en 5e, plus correctement en fin de 4e. De 10 élèves en difficulté dont 4 en grande difficulté, On passe à 7 élèves en difficulté (7,5 à 9,5 de moyenne générale), aucun en grande difficulté. De 4 élèves découragés et passifs on passe à 2 (sur 21 élèves en tout).

- Scolarité de ces élèves en 3e ?
Dans les classes où sont répartis les anciens élèves de 4D, ceux ci se montrent très positifs. Attitude face au travail au moins correcte, 7 composent des têtes de classe. Ce sont des élèves identifiés comme actifs en classe. 3 élèves posent cependant problème : 1 pose des problèmes de comportement importants (ils étaient plus ou moins contrôlés en 4D), 1 est absentéiste, le dernier est découragé et passif.

2. Citoyenneté :

- Les élèves issus de cette classe sont-ils identifiables au collège par une attitude positive ? (Dynamisme au sein du collège, intérêt, idées, solidarité en actes, autonomie, appropriation de la Règle).
Oui, voir précédemment. Cependant, pas plus d’investissement dans la vie du collège que d’autres. Rien de significatif.

- Pouvons-nous parler d’un noyau d’élèves « leaders positifs » en 3e ?_ Oui pour une douzaine d’entre eux : 7 en tête de classe, 5 dans une attitude positive face au travail et une participation active.

- Quantité, qualité des sanctions scolaires par rapport aux classes du même niveau ?
Seulement 3 sanctions en deux ans (exclusions internes), et une exclusion définitive (élève arrivée en cours d’année de 5e, exclue d’un autre établissement…). Taux beaucoup moins élevé que pour les autres 4e.

- Les relations sociales entretenues par ces élèves avec d’autres élèves évoluent-elles ? (Diminution de la violence verbale, physique, des disputes, des humiliations).
Oui, nettement. Peu de violence dans cette classe, relations amicales, groupe classe très soudé. Peu ou pas de violence avec d’autres élèves.

3. Epanouissement des élèves :

- Eprouvent-ils du plaisir à venir au collège ?
Oui, indéniablement : le taux d’absentéisme des 4D sur l’année est le plus bas de toutes les classes de 4e . De plus, ils nous communiquaient régulièrement leur plaisir de venir au collège, au moins pour se retrouver…

- Leurs relations sociales (entre eux et avec les adultes) sont elles cordiales ?
Oui, voir précédemment. « classe agréable et vivante » est un qualificatif qui est revenu souvent en conseil de classe. Les anciens élèves de 4D viennent régulièrement voir leurs anciens profs pour discuter avec eux.

- Se sentent ils en réussite ?
Pour 7 d’entre eux, oui. Pour 6 à 7 autres, ils se sentent capables de progresser. Ils ont tous gagné en assurance.

Fabien Granelli